La lettre de Julien aux adhérents
À tous mes chers bien aimés de Koutammarikou,
Voici venir la fin de mon séjour en France. Pour le résumer, voilà, en quelques mots, ce que j’ai retenu de toutes mes rencontres, toutes enrichissantes, surtout dans les domaines maraîchers, agricoles, environnementaux, scolaires.
Lettre de Julien Bagri (Mail du 22 octobre 2011)
Bonjour à tous,
Il y a aujourd’hui dix-huit jours que je suis rentré de votre beau pays. Je suis actuellement occupé à faire la restitution de ce que j’ai vécu, dès que j’ai une petite occasion. La première personne a été Emmanuel, qui a déjà commencé à retourner la terre avec son coéquipier Nicolas.
Je transmettrai chez nous, par exemple, les expériences passionnantes de Bernard Bertrand, écrivain-paysan dans les Pyrénées. Il s’agit, dans le jardin, de conserver la terre telle qu’elle est avec ses végétaux en place, de pratiquer aussi le paillage car la reconstitution d’un sol se fait en y apportant les restes des herbes folles ou les brindilles qu’on laisse pourrir. C’est le principe même de la vie des terres ou des forêts naturelles, partout dans le monde. Toujours avec Bernard, le four solaire, facilement exploitable au Bénin, a été une expérience inoubliable : c’est gratuit, surtout pour cuire les tomates et les piments pour la sauce !
En Anjou, le système d’un vieux vélo transformé par Nicolas en binette n’est pas négligeable. En Seine-et-Marne, le goutte-à-goutte de Didier dans sa cueillette ; à Paris, les techniques de préservation des berges de la Seine ; les félins en captivité, à Nesles, pour sauvegarder les espèces en danger ; la fabrication du fromage de chèvre, découverte chez Nathalie, dans la Vallée d’Ossau ; la visite de différents châteaux (Versailles, Chambord, Angers, mais aussi la Maison des Vautours dans la Vallée d’Ossau). Je signale aussi au passage que j’ai bien retenu l’expérience des AMAP, que je transmettrai également. Tout cela me conduit à voir, à imaginer, comment, en Pays Somba, nous allons nous aussi sauvegarder, non seulement notre environnement, mais aussi notre patrimoine socioculturel, dont les tatas-sombas.
Fatalement, tout ceci doit passer par l’éducation, qui est aussi une clé qui ouvre toutes les portes des lendemains meilleurs de tout un peuple. À travers toutes les écoles que j’ai visitées et où je suis intervenu, depuis Courpalay en passant par Blois, Angers, l’école Jean-Macé à Champagné-les-Marais, où j’ai passé deux jours en compagnie des enseignants et des enfants, etc., j’ai bien compris que la technique pédagogique pour transmettre le savoir n’a pas changé, que nous avons la même chez nous, car l’enfant est toujours au centre de l’apprentissage. Il est à la conquête de son propre savoir, par le concret. Nous allons continuer dans le même sens, en mettant plus l’accent sur la propreté, l’hygiène, dans tous les domaines et dans tous les lieux. En espérant, bien évidemment, avoir aussi, un jour, chez nous, le matériel dont vos écoles disposent actuellement… Je n’oublierai pas non plus un imprévu : la petite visite en Espagne, avec Philippe, en empruntant les routes du Tour de France…
Et puis quelques dégustations inattendues : huîtres, moules, crevettes, bulots… chez Hubert à la Pointe Saint-Clément. Seiches, grillades d’agneau, confitures de courgettes, sauternes, Pessac Léognan, pineau des Charentes, fromages en tout genre, dans beaucoup d’endroits. Je remercie du fond du cœur tous les adhérents de Koutammarikou, et bien entendu Philippe et Marie et tous ceux qui ont bien voulu m’accueillir chez eux. Cela a été un vrai bonheur inespéré, des moments de partage intenses. Je vous embrasse au nom de tous les membres de l’APEEK de Natitingou.
Que Dieu vous bénisse. Amen.
Julien Bagri
A l’heure où je vous écris, Emmanuel est en formation avec tous les jardiniers du nord Bénin à Parakou à 250 km de Nati Actuellement, l’arboretum est en train d’être recouvert de paille, tout comme une partie du potager. Les systèmes de l’AMAP et de la cueillette ont beaucoup attiré l’attention des jardiniers. Le système de binage à l’aide d’un vieux vélo sera expérimenté. J’ai un ami soudeur qui essaie déjà de fabriquer le fourneau à bois. Le four solaire sera fabriqué par un ami menuisier, avec mon assistance, dès que je serai disponible. Du côté de l’école, nous avons regagné nos nouvelles salles de classe toutes neuves. Les enfants étaient très contents de leur nouvelle école. J’ai distribué les produits pharmaceutiques qui sont en train d’être consommés car les grandes pluies ont engendré une épidémie de rhume. La cantine a démarré malgré les moyens et la rentrée a eu lieu. Je continue de parler de ma visite à tous. J’ai parlé du collège d’Aigrefeuille au Directeur du CEG2 de Nati qui était très ravi, et est prêt pour un partenariat. J’ai suivi avec les autres directeurs une formation sur le thème : “Apprendre sans peur. Bannir le châtiment corporel à l’école”. J’en ai profité pour parler du système d’enseignement en France.
C’est ici le moment où je profite pour remercier les familles qui n’ont ménagé aucun effort pour rendre mon séjour agréable en France. Je veux citer Patrick et Mado Jardin, en Seine-et-Marne, et Bertrand Beaudouin. Merci à Francine et Didier Cozon, à la cueillette. Merci à Patrick et Sylvie Menestrey, à Mathieu Sannié et Joëlle Pichon (Je dis que la bénédiction de ce dimanche 11 septembre soit avec vous tous…).
Mon amitié à Catherine et Jacques Hesse. J’embrasse mes chers doyens Martine et Marc Jacquemin, en Anjou, sans oublier leur famille, Annie-Jeanne et Bernard Bertrand, et leur précieuse leçon sur la fertilité du sol que j’ai commencé à vulgariser dans le Koutammarikou.
Merci à Jeanne et Jean-Paul Valois dans la vallée d’Ossau. Merci à ma chère collègue Sylvie Blanchet, que Rosa embrasse très fort, sans oublier tous les autres collègues et mes petits amis de Champagné-les-Marais. J’embrasse Liliane et François Huet, sans oublier Brigitte et Bertrand à qui je souhaite plein de succès pour son orchestre. J’en profite aussi pour dire à Brigitte que je l’embrasse de la part du directeur du personnel et des élèves du CEG2 de Nati qui ont hâte de les recevoir. Je leur ai confié le bateau aéroglisseur et tout le message. C’est après les protocoles de la rentrée que nous commencerons à réfléchir aux projets. Je salue mon cher frère Sénégalais, collègue de Brigitte. J’embrasse Marie et Philippe pour tous ce qu’ils font pour nous. Vous en serez tous bénis selon les souhaits de chacun. Je n’oublie pas Xavier et Françoise, qui ont supervisé toute cette organisation. Je salue au nom de la commune de Nati, le conseil municipal de Sainte-Radégonde-des-Noyers, et celui de Coupalay.
Je salue et embrasse tous les autres membres et tous les amis de Koutammarikou avec qui nous avons fait la grande soirée du dimanche 25 octobre 2011. J’aurai l’occasion de vous écrire à nouveau : actuellement je suis trop occupé par des réunions et les formations sans oublier les organisations de l’école. Le moulin à farine de Ditawan marche à merveille mais il nous a coûté… très très cher.
Merci à tous. Julien BAGRI.